La mise en archives de la réflexion dans les Pensées
p. 25-39
Résumé
Cette comparaison des Pensées avec le Spicilège,
qui s’attache à des données formelles,
plus particulièrement aux dispositifs énonciatifs,
vise à définir le statut du recueil et le
rôle qui lui a été dévolu par Montesquieu. Se
trouve confirmée la fonction de mise en
attente d’énoncés et de groupements d’énoncés
pour un réemploi extérieur et s’y ajoute
une fonction d’archivage d’une pensée fragmentée,
discontinue. L’auteur s’affirme avec
force dans ce recueil, déployant son esprit,
son imagination, son jugement, son affectivité.
Par leur dimension réactive et dynamique,
les Pensées ont sans doute constitué
pour Montesquieu un espace privilégié
d’exercice de la pensée et de ses formes.
Abstract
This comparison of the Pensées with the Spicilège,
which looks closely at the formal
aspects, and more particularly at the mechanics
of utterance, seeks to define the status of
the collection and the role for which Montesquieu
destined it. It confirms the function of
placing utterances and groupings of utterances
in abeyance for later re-use, as well as a
function of archiving fragmented and discontinuous
thought. The author asserts himself
forcefully in this collection, deploying his
mind, his imagination, his judgment, his
sensitivity. In their reactive and dynamic
dimension, the Pensées doubtless constituted
for Montesquieu a privileged space for the
exercise of thought and its forms.