Lo spirito della politica. Letture di Montesquieu, a cura di Domenico Felice Pierre Girard
Lo spirito della politica. Letture di Montesquieu, a cura di Domenico Felice, Milano-Udine, Mimesis Edizioni, 2011, 277 p.
Domenico Felice, professeur d’histoire de la philosophie à l’université de Bologne et spécialiste internationalement reconnu de la pensée de Montesquieu – on lui doit, outre plusieurs monographies, parmi lesquelles Oppressione e libertà. Filosofia e anatomia del dispotismo nel pensiero di Montesquieu parue à Pise en 2000, deux volumes d’introduction à la lecture de L’Esprit des lois (Leggere Lo spirito delle leggi di Montesquieu, 2010), propose un volume fort utile regroupant un ensemble d’études célèbres consacrées à Montesquieu. Une des raisons qui ont présidé à l’élaboration de ce recueil est la volonté de Domenico Felice de lutter contre un effet paradoxal de la bonne fortune de Montesquieu dans les études contemporaines, à savoir le risque d’une « banalisation » et d’une « simplification » excessive de sa pensée, comme il l’écrit dans sa « note » introductive (p. 9).
Contre la mode des abrégés et autres raccourcis qui risquent de dénaturer une pensée complexe et dynamique en l’enfermant dans de simples résumés, Domenico Felice offre un recueil d’études problématiques d’auteurs aussi célèbres et reconnus que divers. Un des intérêts du présent recueil est justement de ne pas mettre ces lectures en concurrence entre elles, mais de les juxtaposer, en mettant en relief leur diversité diachronique, méthodologique, nationale et problématique. Outre l’intérêt de pouvoir ainsi retrouver en un seul volume des études classiques souvent dispersées, parfois difficiles à trouver, le lecteur est ainsi à même, par un effet de combinatoire, de faire se mélanger les approches d’auteurs aussi connus que Isaiah Berlin, Raymond Aron, Federico Chabod, Norberto Bobbio, Sergio Cotta, Jean Starobinski ou Hannah Arendt. On le voit, les spécialistes de la littérature sont mélangés avec des spécialistes de l’histoire des idées, des philosophes ou des historiens des idées politiques. Cette combinatoire, cette pluridisciplinarité offrent pour le lecteur des approches multiples qui permettent d’entrer à nouveaux frais de manière véritablement problématique dans l’œuvre de Montesquieu.
Le recueil est complété par une chronologie extrêmement détaillée de la vie et des œuvres de Montesquieu (p. 219-277) établie par Piero Venturelli. La précision extrême de cette chronologie s’inscrit pleinement dans l’esprit qui a guidé l’établissement de ce recueil de textes. Il s’agit à nouveau de lutter contre la réduction de la vie de Montesquieu à quelques dates-clés, et au contraire de montrer dans le détail l’élaboration diachronique complexe d’une pensée ouverte et dynamique.
Université de Lyon 3