Tome 18
Correspondance I lettres 1-364, 1700-mars 1731
Édité par Louis Desgraves † et Edgar Mass, en collaboration avec C.P. Courtney, J. Ehrard et A. Postigliola. 1998, 576 pages, 9 illustrations.
Ce tome 18 des Œuvres complètes est le premier des quatre volumes annoncés pour la Correspondance de Montesquieu : il sera suivi des tomes 19 à 21. Il est prévu que chacun d’eux comporte, comme celui-ci, outre l’édition d’une partie des lettres, une introduction particulière, une chronologie sommaire, des dossiers biographiques et une table des lettres.
Ce premier tome comprend aussi une Introduction générale et, en fin de volume, un Débat sur l’orthographe au début du XVIIIème siècle. L’auteur de cette Introduction, le regretté Louis Desgraves, relate l’histoire, lente et difficile, de la réunion de la correspondance de Montesquieu, dont une grande partie semble à jamais perdue, ainsi que celle de sa publication. Il rappelle que la première édition des lettres de l’écrivain et philosophe est fort ancienne : préparée, non sans intentions polémiques, par un ami intime de ce dernier, l’abbé de Guasco, elle a paru à Florence en 1767. On constate peu de progrès pendant le siècle et demi suivant. En 1889, les descendants de Montesquieu prennent la décision de confier à la Société des Bibliophiles de Guyenne le soin de reprendre la publication des écrits de leur ancêtre. S’agissant de la correspondance, cela aboutit, grâce à Raymond Céleste puis à François Gébelin, à l’édition bordelaise de 1914. Quarante ans plus tard, à la demande d’André Masson qui avait décidé, à l’occasion du bicentenaire de la publication de L’Esprit de lois, de procurer une nouvelle édition des œuvres de Montesquieu, François Gébelin remettait l’ouvrage sur le métier et y ajoutait de nombreuses dizaines de lettres inédites. Depuis, il y a eu les résultats des recherches de plusieurs spécialistes, ceux notamment de Roger Shackleton et surtout de René Pomeau. A cette Introduction, Louis Desgraves a ajouté une vingtaine de pièces justificatives où l’on retrouve notamment des textes de Grimm, Fréron, Madame Geoffrin, Bonnefon et Strowski.
Quant à l’étude sur l’orthographe, elle permet à son auteur, Edgar Mass, d’exposer les choix faits dans ce domaine pour l’édition, ceux d’une grande fidélité aux originaux. Citant abondamment deux contemporains de Montesquieu, Claude Buffier et Martin-Dominique Fertel, il aborde les questions relatives à l’emploi des majuscules, à la ponctuation et naturellement à l’orthographe.
Ce premier volume contient les 364 plus anciennes lettres de la correspondance, que Montesquieu a envoyées ou reçues. Elles sont publiées dans l’ordre chronologique et couvrent la période allant de la fin du XVIIème siècle au 22 mars 1731. Le texte de 277 d’entre elles seulement nous est parvenu. Des autres, seule l’existence est connue.
L’édition proprement dite est précédée, comme cela a été signalé plus haut, d’une introduction particulière : Edgar Mass s’y livre d’une part à une brève synthèse de cette partie de la correspondance qui s’étend de l’éducation de Juilly au retour du grand voyage à travers l’Europe, d’autre part à une approche statistique de ces lettres. Les dossiers biographiques qu’il joint sont consacrés à la famille, aux Berthelot, aux ducs de Berwick et de la Force et à Mademoiselle de Clermont. L’utilisation de l’ouvrage est facilitée par une concordance entre la deuxième édition de Gébelin, celle de 1955, et celle-ci, par une liste alphabétique des correspondants et par une liste chronologique des lettres.