Paris, Collège de France, 27 juin 2024, colloque "Despotismes orientaux, du Proche à l’Extrême" Trois communications sur Montesquieu

, par Volpilhac-Auger, Catherine

Despotismes orientaux, du proche à l’extrême

jeudi 27 juin 2024

Colloque organisé par Anne CHENG, chaire Histoire intellectuelle de la Chine
et Henry LAURENS, chaire Histoire contemporaine du monde arabe

Deux communications sont consacrées à Montesquieu :

10h45 : Catherine Volpilhac-Auger (ENS de Lyon), Le climat selon Montesquieu : force ou malédiction du despotisme ?

11h30 : Hugo Toudic (Université de Chicago), La Russie de Montesquieu, ou l’impossible mise à distance du despotisme.

15h : Eddy Dufourmont (Université de Bordeaux), Le thème du despotisme dans le Japon moderne naissant (1868-1889) : les traductions et les usages de L’Esprit des lois

Pour les Grecs, le despotisme était le mode de gouvernement rencontré chez les barbares asiatiques qui, parce qu’ils étaient esclaves par nature, se soumettaient volontairement à un souverain héréditaire absolu. La tyrannie en revanche était un moment temporaire dans l’histoire des cités. Le concept de despotisme oriental est repris par les Européens pour décrire l’Empire ottoman d’abord sur le mode d’une menace organisée et implacable, ensuite comme un système au rendement toujours décroissant. Les descriptions du système soviétique au 20e siècle ont suivi ces deux étapes. Bien souvent, au 18e siècle la référence au despotisme est une critique plus ou moins voilée de la monarchie absolue européenne. En revanche, le « despotisme éclairé » sert à justifier un passage en force pour établir des réformes jugées indispensables. Dans le dernier tiers de ce siècle, il sert de justification aux projets de conquête coloniale dans l’Ancien monde. Cette conquête, qui voudrait se poser comme libératrice, trouve finalement sa justification dans le despotisme éclairé (fardeau de l’homme blanc, mission civilisatrice). La modernisation autoritaire de ces pays reprend ainsi tout ce discours tout en utilisant une référence identitaire de nature essentialiste. Ainsi un discours produit pour justifier la domination de l’autre peut servir aujourd’hui la perpétuation de régimes autoritaires par les pouvoirs qui régissent les pays concernés en rejetant comme étrangères les doctrines libérales.

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