Sur une « Chanson anacréontique » attribuée à Montesquieu Myrtille Méricam-Bourdet

, par Volpilhac-Auger, Catherine

La « Chanson anacréontique » (« Nous n’avons pour philosophie, / Que l’amour de la liberté… ») recueillie dans les Œuvres complètes (OC, t. VIII, p. 281-283) avait été publiée avec un certain nombre de précautions : l’attribution à Montesquieu en était incertaine, le poème n’ayant été intégré aux œuvres de Montesquieu qu’en 1796 dans l’édition Plassan. Cette attribution à Montesquieu doit être remise en cause, et le poème restitué à son véritable auteur, Desforges-Maillard.

On trouve en effet le texte imprimé pour la première fois dans la livraison de mars 1746 du Mercure de France (p. 472-474). Le Mercure précise l’identité de son auteur dans une note liminaire : « Par une nymphe de la mer, métamorphosée en berger du pays d’Astrée. Sur l’air : les bergers de notre village valent bien tous ceux de la cour, etc. »

Ce pseudonyme de « nymphe de la mer métamorphosée en berger du pays d’Astrée » a été donné à Desforges-Maillard par Voltaire en 1735 (voir la lettre de Voltaire à Desforges-Maillard du 23 juillet [1735] (Voltaire’s Correspondence, D845 : « Vous êtes actuellement sur les bords du Lignon, et de nymphe de la mer, vous voilà devenu berger d’Astrée »).

On retrouve cette chanson publiée en 1759 dans le recueil des œuvres de Desforges-Maillard, à l’exception du dernier couplet qui est omis (Œuvres en vers et en prose de M. Desforges-Maillard, Amsterdam, Schreuder et Mortier, 1759, t. 1, p. 318-319).

Le texte doit donc être retiré du corpus des œuvres de Montesquieu. À noter que la version recueillie par Plassan, et reprise dans les Œuvres complètes, était incomplète, et omettait trois couplets donnés dans le Mercure.

Myrtille Méricam-Bourdet

Université Lyon 2 – IHRIM UMR 5317