Autour des Lettres persanes : Montesquieu et la fiction (appel à communication ouvert jusqu’au 1er mars 2021) Bordeaux, 13-14 septembre 2021

, par Volpilhac-Auger, Catherine

Autour des Lettres persanes : Montesquieu et la fiction

Appel à communication pour le colloque de Bordeaux, 13-14 septembre 2021, organisé par Aurélia Gaillard (Université Bordeaux Montaigne, SPH EA 4574, Institut Universitaire de France) avec le soutien de la Société Montesquieu.

À l’occasion du tricentenaire de la premi !re publication des Lettres persanes (1721), il s’agit d’examiner le lien qu’entretient Montesquieu avec la fiction, dans cette œuvre majeure mais aussi dans l’ensemble des écrits, fictifs ou non, narratifs ou non, de Montesquieu.

La fiction des et dans les Lettres persanes a déjà été l’occasion de nombreux travaux. On dispose désormais de plusieurs études synthétiques de l’œuvre (Jean Goldzink, 1989 ; Céline Spector, 1997 ; Annie Becq, 1999 ; Aurélia Gaillard, 2013) et surtout, la critique a beaucoup renouvelé et approfondi son approche depuis plus d’un demi-siècle. Il s’est d’abord agi de mettre en évidence dans les Lettres persanes, au début des années 1960, une structure romanesque significative (Roger Laufer, 1961 ; Roger Mercier, 1962 ; Patrick Brady, 1967 ; Pierre Testud, 1966), puis, dans les deux décennies suivantes, ont été plus particulièrement explorées les relations qu’y entretiennent l’histoire, la politique et la fiction (Jean Ehrard, 1970 ; Jean-Marie Goulemot, 1974 ; Jean-Paul Schneider, 1983 ; Georges Benrekassa, 1987) et bien sûr depuis la magistrale préface que leur a consacrée Jean Starobinski (1973), c’est autour de la fiction du despotisme oriental et du sérail (institution et roman) que les études se sont souvent et durablement orientées (Michel Delon, 1977 ; Alain Grosrichard, 1979 ; Christophe Martin, 2004). De plus, mise au programme de l’agrégation une nouvelle fois en 2014, l’œuvre a pu être examinée à nouveaux frais et surtout déployée dans toutes sortes de directions (les femmes, la différence des sexes, la poétique, la morale, etc.) (volumes collectifs, PUPS ; Presses universitaires de Rennes ; Classiques Garnier). Enfin, l’entreprise décisive de l’édition critique des Œuvres complètes de Montesquieu qui reconnaît comme posthume (1758) l’édition augmentée et corrigée et prend pour la première fois dans toute l’histoire éditoriale des Lettres persanes pour édition de base celle de 1721 (t. 1, Oxford, Voltaire Foundation, 2004) puis de l’édition en ligne sur la même base menée par Philip Stewart et Catherine Volpilhac-Auger en 2019 (http://montesquieu.huma-num.fr/editions/fictions-poesies/lettres-persanes/presentation) jette précisément désormais un éclairage nouveau sur le rapport qu’entretient l’œuvre avec la fiction.

C’est cette perspective-ci que le colloque de Bordeaux de 2021 souhaite explorer et élargir : qu’en est-il au juste de la relation, à géométrie variable d’une édition à l’autre (aux autres), qu’entretiennent les Lettres persanes avec la fiction ? C’est-à-dire avec la fiction du roman dans son ensemble, avec les fictions insérées (Troglodytes, conte d’Ibrahim et d’Anaïs, Histoire d’Aphéridon et d’Astarté, Fragment d’un ancien mythologiste), avec la tradition romanesque ou des anti-romans. Est-on dans la rhétorique de l’exemplum, dans l’anecdote journalistique, la fable, la métaphore, l’allégorie ? Mais le questionnement vise également les autres fictions narratives ou non (les contes, Histoire véritable, Arsace et Isménie, mais aussi Le Temple de Gnide, le Dialogue de Sylla et d’Eucrate, etc.). On prêtera notamment une attention particulière aux dispositifs fictionnels et aux marges de la fiction, dans une pensée du rapport (de la proportionnalité, du relativisme).

En effet, le colloque entend questionner non seulement la place et le rôle de la fiction et du fictif chez Montesquieu, à partir de l’œuvre emblématique des Lettres persanes, mais également le fictionnel : il s’agira ainsi d’interroger le discours sur la fiction, le discours servant à constituer la fiction et ce, dans tous les écrits, fictifs ou non. On pourra ainsi par exemple s’intéresser aux raisons de la fiction : s’attacher aux réflexions de Montesquieu sur le ressort du plaisir, de la surprise (on pense à l’Essai sur le goût au premier chef) mais aussi sur le rapport entre une conception dynamique de l’humain et de l’histoire à mettre en perspective avec la question du procès/processus du récit, sur le rôle du lecteur, etc.

Les propositions sont à adresser à Aurélia Gaillard avec une brève notice bio-bibliographique avant le 1er mars 2021 : aurelia.gaillard@gmail.com