Souvenir de Pierre Rétat

, par Volpilhac-Auger, Catherine

Pierre Rétat nous a quittés le 17 juin 2018.

Son rôle dans la Société Montesquieu et dans l’édition des Œuvres complètes, publiées au sein de l’IHRIM, a été considérable. Il a dirigé les deux tomes des Œuvres et écrits divers (t. VIII et IX, 2003 et 2006), puis la Défense de l’esprit des lois (t. VII, 2010) : volumes difficiles, composés d’œuvres très différentes, confiées à des auteurs nombreux, qu’il a su coordonner, et suppléer quand il le fallait.

Dans le récent volume des Extraits et notes de lecture (t. XVII, 2017), il s’était chargé d’une partie difficile à plus d’un titre, les Notes sur Cicéron, pour lesquelles sa connaissance de Bayle et du mouvement des idées du premier XVIIIe siècle le recommandait tout particulièrement : il renouait ainsi avec ses premières recherches, tout en enrichissant constamment sa pratique d’éditeur d’une maîtrise incomparable de la presse d’Ancien Régime, domaine que ses travaux, en collaboration avec Jean Sgard, avaient profondément renouvelé.

Il assumait aussi avec une énergie et un courage sans faille la codirection de l’édition depuis qu’en décembre 2004, Jean Ehrard avait décidé de s’en retirer. Il a su prendre des décisions difficiles et faire les choix nécessaires pour maintenir le cap des Œuvres complètes, unissant fermeté et diplomatie, mesurant les enjeux d’une entreprise collective de longue haleine, qu’il avait à cœur de maintenir au plus haut niveau - celui qui était le sien.

Il n’avait pu assister à nos réunions du 9 juin, exprimant son souhait d’abandonner ce qui était devenu pour lui une charge, tant il se sentait fatigué.

Ce grand savant au jugement si sûr était aussi un homme de bien, attentif aux autres, discret, plein d’humour et parfois d’ironie envers certains rites universitaires et les grandeurs supposées de ce monde. Il n’aimait pas les hommages, qu’il jugeait convenus ; mais comment ne pas lui rendre celui qu’il mérite ?

Tel est le souvenir que nous garderons de lui.